samedi 26 janvier 2008

Loving Dominica...

Nous sommes le 31 décembre 2007 au petit matin, je suis assise dans un bateau, un bateau pris sur un coup de tête, histoire de commencer l’année sans rien préparer.

Peter Pan passe à la télé, envie de rêver, envie de liberté, envie d’enfance...

Ce bateau s’en va pour la Dominique, petite île faisant face à la Guadeloupe, celle que j’appelle ma petite Afrique…

Roseau, il est 11h30 quand j’hurle à la douane « Where is my bag ??!!! ». Mon sac n’est pas avec les autres ! On me demande sa couleur, je n’en sais rien et je m’énerve. On me donne un formulaire à remplir et je m’énerve encore. Je suis la seule qui s’énerve et d’un coup j’ai honte ! A quoi bon, mon sac est parti pour Sainte Lucie et ne reviendra que demain, ou après demain, si j’ai de la chance. C’est le sourire du bagagiste qui m’a sortie de ma colère, aurais-je oublié l’objectif de ce voyage ? Qu’importe, pas de sac, je pars à l’aventure ! J’achète des habits, j’explique ma mésaventure, les Dominiquais sourient, j’adore les sourires de la Dominique. Une jeune femme m’aide à trouver l’essentiel culotte et brosse à dent, dans les rues animées de Roseau. Rien de plus simple, on se sent jamais seul en Dominique.

Je me retrouve à Portsmouth dans la maison d’un ami que je connais à peine. Toute la famille m’accueille, la porte est grand ouverte, la porte de l’hospitalité. On m’interdit d’imaginer dormir ailleurs, il y a une chambre pour moi, moi qui suis venue les mains vides… Tantie Thelma m’offre un savon, une crème coco, des serviettes, une chemise de nuit si grande qu’elle traîne à mes pieds telle une robe de mariée, et une culotte, un culotte grande comme un camion. Tantie Thelma m’invite à sa table, telle la p'tite dernière de la famille, la porte du frigo doit devenir une amie obligée que je dois ouvrir sans demander.

Le soleil se couche sur Prince Rupert Bay. Un mariage a lieu, des américains, d’une simplicité touchante, mélangeant les genres et les cultures, vêtus de turquoise ou non, le marié est en short, l’apéro commence, on nous invite, la musique donne, rien de plus simple, c’est le dernier jour de l’année.

Le premier jour de l’année commence dans les rues animées de Portsmouth, où mes oreilles se laissent emporter par les différentes musiques que jouent les deux trois bars du coin. Un concert sur un semblant de place pose quelques accords et le spectacle commence entre reggae, soca et jump up. On y verra tous les styles, « les restes » du mariage éméchés s’exerçant au jump up, les doudous ladys aux poitrines volumineuses assorties de leur dernière mini jupe rouge, le saoulard du coin s’essayant à voler un carton de bières sans se cacher, les voitures faisant demi tour devant la scène. Un foutoir bien organisé, c’est ça la fête, pas besoin d’être sur son 31 !

Les jours s’en suivent tout autant magnifiques. La reggae night du mercredi chez Big Papa, où Bernard un ancien parlant le français, souriant et gai d’alcool, m’offre des fleurs en me disant je t’aime, où la piste voit danser dominiquains, guadeloupéens, américains, métropolitains sous les hurlements du DJ honorant cette diversité culturelle.

La Dominique défile sous mes yeux. Traverser cette jungle, cette nature généreuse du Northeast, les roches roses de Calibishie, la réserve des derniers indiens caraïbes, leurs kassav à peine sucré, cet échange avec le coupeur de coco qui a perdu l’ouïe en dormant, les enfants aux longues tresses à l’arrière de la voiture et leur sourire intimidé, les anciens médusés par mon sourire me faisant les yeux doux, Morne Trois Piton et sa chute couleur bijou, se baigner au bord de mer dans des vapeurs de Soufrière, le coucher de soleil à la pointe de Scott Head, discuter avec les pêcheurs et sourire aux anciens, trinquer la Kubuli en mangeant poulet sauce barbecue et pain moelleux, et toujours, toujours cette éternelle question, « Where are you from » ?

Il y a des lieux où l’étranger est un invité éveillant la curiosité des autochtones.

Il y a des lieux comme la Dominique où chaque problème trouve sa solution. Où la cordialité et la solidarité sont des régulateurs naturels des relations sociales. En Dominique, le klaxon ne sert pas à tout bout de champ à évincer ou insulter des automobilistes énervés, mais s’utilise pour saluer ou remercier à tout bout de champ les automobilistes bienveillants.

La Dominique est belle car elle est propre, respectueuse et simple. Il suffit de se laisser porter par le décor et la propreté des rues de Portsmouth, de ces cylindrés recyclés en poubelle peints aux couleurs rouge, jaune, vert, qui vous invitent simplement à déposer vos déchets. Y a même
des camions poubelles arborant des bouquets de tournesols !


En Dominique, la musique c’est la vie, le bruit ne fait pas peur. La musique joue toute l’année, 24 heures sur 24, tu balances un son reggae dans la rue, toute le monde se met à danser et le voisin continue à dormir !

Après une semaine sur l’île de l’hospitalité, where people are so friendly, je revoie encore Tantie Thelma qui m’a ouvert la porte de sa maison et qui souhaite venir quelques jours en Guadeloupe, pour acheter quelques ornements pour décorer la tombe de son défunt mari.
Tantie Thelma a un visa Schengen, mention spéciale Département Français d’Amérique, Tantie Thelma a déjà voyagé dans le monde entier. Et pourtant, quand elle arrive en Guadeloupe, la police aux frontières exige un certificat d’hébergement, certificat que je devrais lui fournir pour lui offrir à mon tour l’hospitalité.
Et oui, aujourd’hui dans notre pays, l’hospitalité se prépare, fini la spontanéité, l’étranger fait peur et est soumis à toutes sortes de préjugés…
Pourtant, quand je suis arrivée en Dominique un 31 décembre, sans visa, la première phrase dont je me souviens est celle-ci : Welcome in Dominica…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu nous avais caché ce talent de photographe! Joli voyage... et bien vivement le prochain! Guyane!